L’oeuvre d’Henri Barande se lit comme un dit du monde dont le devisement serait l’engagement de l’ars…

Elle signale l’art dans l’art, elle signale une bildung…

Elle fait retour sur soi, se reprend pour saturer l’espace de la chaîne des oeuvres,  forme sens en formant phrase ou séquence, elle se distingue ainsi de l’oeuvre également disparate mais cursive de Gerhard Richter. Elle ne fait pas lien depuis l’existence du regard d’autrui, elle forme lien depuis le geste impérieux  du signalement, elle sature de signes l’espace résolument affecté au devisement du monde : sur un mode d’essence baroque, elle fait un signe de la prolifération agressive des signes, elle architecture un dit depuis la sensation du foisonnement stochastique de la vie pour que vive un logos.

L’oeuvre forme convocation impérieuse, savante, autoritaire adressée à la matière afin qu’elle se signale.

D’une intelligibilité de la nuit, d’une frangibilité de la lumière et des déserts.

L’oeuvre est pesée sur la matière d’une dynamique singulièrement radicale de l’extraction au monde du monde. Elle est de cette Histoire de l’Art soutirant à la matière une et muette une parole, une portée “d’or”.

Elle s’entête à vouloir que l’oeuvre veuille que quelque chose soit, à tirer du monde son ordre muet, à aveugler la nuit même pour qu’elle libère les formes du monde.

Elle est un ubris, elle veut que soit et le signale, elle veut désespérément que soit et le signale ardemment.

Mélancolique.

Elle est mise en scène de l’échec de cette tâche qui l’origine… Mise en scène d’une autorité, d’un impérieux urgentisme fondés sur l’angoisse que rien ne sourde de la nuit, du sable, de la matière qui soit autre que l’application de l’art à vouloir que soit l’art.

Plus la peinture signale son intention épiphanique plus l’épiphanie s’amarre à son profond de nuit, de jour et de hasard…

L’oeuvre a l’autorité paradoxale de la mélancolie.

Elle a le panache de l’offensive désespérée, cet alliage de superbe et d’abandon au néant; de goût du libre radical et de science de l’appartenance absolue…

 Emmanuel Tugny,
29 mai 2010.